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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华(27)
送交者: wangguotong[★★★声望勋衔13★★★] 于 2024-04-19 0:36 已读 3805 次 2 赞  

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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华27

作者:Marcel Proust   马塞尔-普鲁斯特

编辑整理:WANGGUOTONG

Première Partie第一部

COMBRAY(3)

第一卷 贡布雷(3)

 

 

Si, quand son petit-fils était un peu enrhumé du cerveau, elle partait la nuit, même malade, au lieu de se coucher, pour voir s’il n’avait besoin de rien, faisant quatre lieues à pied avant le jour afin d’être rentrée pour son travail, en revanche ce même amour des siens et son désir d’assurer la grandeur future de sa maison se traduisait dans sa politique à l’égard des autres domestiques par une maxime constante qui fut de n’en jamais laisser un seul s’implanter chez ma tante, qu’elle mettait d’ailleurs une sorte d’orgueil à ne laisser approcher par personne, préférant, quand elle-même était malade, se relever pour lui donner son eau de Vichy plutôt que de permettre l’accès de la chambre de sa maîtresse à la fille de cuisine. Et comme cet hyménoptère observé par Fabre, la guêpe fouisseuse, qui pour que ses petits après sa mort aient de la viande fraîche à manger, appelle l’anatomie au secours de sa cruauté et, ayant capturé des charançons et des araignées, leur perce avec un savoir et une adresse merveilleux le centre nerveux d’où dépend le mouvement des pattes, mais non les autres fonctions de la vie, de façon que l’insecte paralysé près duquel elle dépose ses œufs, fournisse aux larves quand elles écloront un gibier docile, inoffensif, incapable de fuite ou de résistance, mais nullement faisandé, Françoise trouvait pour servir sa volonté permanente de rendre la maison intenable à tout domestique, des ruses si savantes et si impitoyables que, bien des années plus tard, nous apprîmes que si cet été-là nous avions mangé presque tous les jours des asperges, c’était parce que leur odeur donnait à la pauvre fille de cuisine chargée de les éplucher des crises d’asthme d’une telle violence qu’elle fut obligée de finir par s’en aller.    

然而,倘若她的外孙头疼脑热,她夜里觉也不睡了,也象得了病似的,连夜赶回家去看看有什么要她帮着去办的。尔后又在天亮之前连赶十六公里夜路回来上班。她对于家属的这种疼爱,这种但求自家门庭日后兴旺的心愿,在她对其他佣人所采用的方针中由一条始终如一的原则表现出来了,那就是决不让别的佣人踏进我的姨妈房间的门槛。不让别人接近我的姨妈几乎是她引为骄傲的头等大事,即便她病倒了,她也要硬撑着起床去侍候我的姨妈服用维希圣水,而决不许帮厨女工跨进她的女东家的房门。法布尔曾经考察过一种膜翅目的昆虫,一种土居的黄蜂,它们为了在它们死后幼虫仍能吃到新鲜的肉食,不惜借助解剖学知识来发挥它们残忍的本性:它们用尾刺娴熟地、巧妙地扎进捕获到的象鼻虫和蜘蛛的中枢神经,使俘虏失去肢体活动的能力,又不影响到其它的生命功能;然后它们把瘫痪的昆虫放到它们所产的虫卵的旁边,好让幼虫一经孵化出壳就能吃到既无力抵抗也无法逃遁、只有乖乖听凭摆布、决无危害又不变味的活食。弗朗索瓦丝为了让别的佣人无法在我们家长期呆下去,也总有一套巧妙而残忍的诡计来实现她这一持之以恒的愿望。我们直到好多年之后才知道原来那年夏天我们之所以吃那么多芦笋,是因为芦笋的气味能诱发负责削皮的帮厨女工的哮喘病,而且发作起来十分厉害,弄得那女工只好辞职不干——

 

Hélas ! nous devions définitivement changer d’opinion sur Legrandin. Un des dimanches qui suivit la rencontre sur le Pont-Vieux après laquelle mon père avait dû confesser son erreur, comme la messe finissait et qu’avec le soleil et le bruit du dehors quelque chose de si peu sacré entrait dans l’église que Mme Goupil, Mme Percepied (toutes les personnes qui tout à l’heure, à mon arrivée un peu en retard, étaient restées les yeux absorbés dans leur prière et que j’aurais même pu croire ne m’avoir pas vu entrer si, en même temps, leurs pieds n’avaient repoussé légèrement le petit banc qui m’empêchait de gagner ma chaise) commençaient à s’entretenir avec nous à haute voix de sujets tout temporels comme si nous étions déjà sur la place, nous vîmes sur le seuil brûlant du porche, dominant le tumulte bariolé du marché, Legrandin, que le mari de cette dame avec qui nous l’avions dernièrement rencontré était en train de présenter à la femme d’un autre gros propriétaire terrien des environs. La figure de Legrandin exprimait une animation, un zèle extraordinaires ; il fit un profond salut avec un renversement secondaire en arrière, qui ramena brusquement son dos au delà de la position de départ et qu’avait dû lui apprendre le mari de sa sœur, Mme de Cambremer. Ce redressement rapide fit refluer en une sorte d’onde fougueuse et musclée la croupe de Legrandin que je ne supposais pas si charnue ; et je ne sais pourquoi cette ondulation de pure matière, ce flot tout charnel, sans expression de spiritualité et qu’un empressement plein de bassesse fouettait en tempête, éveillèrent tout d’un coup dans mon esprit la possibilité d’un Legrandin tout différent de celui que nous connaissions. Cette dame le pria de dire quelque chose à son cocher, et tandis qu’il allait jusqu’à la voiture, l’empreinte de joie timide et dévouée que la présentation avait marquée sur son visage y persistait encore. Ravi dans une sorte de rêve, il souriait, puis il revint vers la dame en se hâtant et, comme il marchait plus vite qu’il n’en avait l’habitude, ses deux épaules oscillaient de droite et de gauche ridiculement, et il avait l’air tant il s’y abandonnait entièrement en n’ayant plus souci du reste, d’être le jouet inerte et mécanique du bonheur. Cependant, nous sortions du porche, nous allions passer à côté de lui, il était trop bien élevé pour détourner la tête, mais il fixa de son regard soudain chargé d’une rêverie profonde un point si éloigné de l’horizon qu’il ne put nous voir et n’eut pas à nous saluer. Son visage restait ingénu au-dessus d’un veston souple et droit qui avait l’air de se sentir fourvoyé malgré lui au milieu d’un luxe détesté. Et une lavallière à pois qu’agitait le vent de la Place continuait à flotter sur Legrandin comme l’étendard de son fier isolement et de sa noble indépendance. Au moment où nous arrivions à la maison, maman s’aperçut qu’on avait oublié le saint-honoré et demanda à mon père de retourner avec moi sur nos pas dire qu’on l’apportât tout de suite. Nous croisâmes près de l’église Legrandin qui venait en sens inverse conduisant la même dame à sa voiture. Il passa contre nous, ne s’interrompit pas de parler à sa voisine, et nous fit du coin de son œil bleu un petit signe en quelque sorte intérieur aux paupières et qui, n’intéressant pas les muscles de son visage, put passer parfaitement inaperçu de son interlocutrice ; mais, cherchant à compenser par l’intensité du sentiment le champ un peu étroit où il en circonscrivait l’expression, dans ce coin d’azur qui nous était affecté il fit pétiller tout l’entrain de la bonne grâce qui dépassa l’enjouement, frisa la malice ; il subtilisa les finesses de l’amabilité jusqu’aux clignements de la connivence, aux demi-mots, aux sous-entendus, aux mystères de la complicité ; et finalement exalta les assurances d’amitié jusqu’aux protestations de tendresse, jusqu’à la déclaration d’amour, illuminant alors pour nous seuls, d’une langueur secrète et invisible à la châtelaine, une prunelle énamourée dans un visage de glace.    

唉!我们必须义无反顾地改变对勒格朗丹的看法。在我的父亲与他老桥相遇、接着又不得不自认多心之后的某个星期天,教堂的弥撒刚刚结束,一种不那么神圣的气氛随同外面的阳光和嘈杂声一起涌进教堂,使得古比尔夫人和贝斯比埃夫人象走出教堂来到广场上似的同我们大声交谈起来(而不久前我刚进教堂时——我到得比平时晚——人人都目不斜视专心祈祷;若不是有人用脚拨开挡住我就座的小凳,我还真以为没有人看到我进来呢)。这时我们看到勒格朗丹正站在阳光灿烂的大门口;门楼外的台阶下是人声鼎沸、五光十色的集市。我们上回见过的那位夫人的丈夫正把勒格朗丹介绍给附近另一位大地主的妻子。勒格朗丹显得异乎寻常地活跃和讨好,他深深地鞠了一躬又往后一仰;身板仰到比原先更靠后的地位,这礼节想必是他的姐夫康布尔梅先生教的。他的腰板迅速一挺,臀部——据我猜想肌肉未必丰满——随即掀起一股强烈的波动。不知道为什么这种纯属物质的起伏,这种并不表达灵气、只受低下他献媚之心所驱使的肉体活动,竟突然会使我的思想意识到可能存在着另一位与我们所认识的朋友完全不同的勒格朗丹。那位女士请他给车夫捎句话,他立即喜孜孜地应命而去。他刚才被介绍时就挂在脸上的那种羞羞答答、俯首帖耳、喜笑颜开的表情,一直停留在他的眉宇间。他象做梦似的咧嘴笑着,又急急忙忙赶回到那位女士的跟前。由于他走得比平时快,肩膀便左摇右摆,十分可笑;他只管全力以赴地讨好,其它方面也就无暇顾及了,所以显得象一件受幸福驱动的无生命的机械玩具。这时我们已经走出教堂,正要从他的身边经过;那么有教养的他居然没有回头,他的目光象大梦未醒的人,直勾勾地盯着远方;对我们竟视而不见,也无从跟我们打招呼。他的表情还是那么天真单纯,那件款式随便的单排扣上衣在令人讨厌的讲究的衣着中间显得与场合不相称。被广场上的风所吹起来的那个花点大领结,依然象一面标榜孤傲和独立的高尚的旗帜飘动在他的胸前。我们刚到家门,妈妈发现忘了买奶油果子饼,便要父亲和我一起返身去吩咐点心铺立刻送来。我们在教堂附近同勒格朗丹迎面相遇。他用自己的马车载着刚才的那位女士朝我们来的方向驶去,经过我们的身旁时他并没有中止同那位女士的谈话,而只用他的蓝眼睛的眼角瞟了我们一眼,仿佛在眼皮底下同我们打了一个小小的招呼,脸上的肌肉却纹丝未动,车上的那位夫人很可能根本没有发觉他的这一举动,但是,他设法以感情的密度来补偿向我们表达友情所用的仅占他蓝眼睛小小的一角的狭小的地盘,他让这一瞟闪烁出他的全部风采,这已不止是活泼的闪光,而近乎狡黠了。他使友好的细微表现达到了极限:心照不宣的一瞥明眼人心领神会,总之凡灵犀相通的种种途径他都熟门熟路;他把友谊的保证提高到披露柔情、甚至宣告爱慕的高度。当时,他以对女庄园主的隐而不露的厌烦和纹丝不动的脸上那多情的一瞥来向我们表明心迹,也只有我们才能心领神会。

 

Il avait précisément demandé la veille à mes parents de m’envoyer dîner ce soir-là avec lui : « Venez tenir compagnie à votre vieil ami, m’avait-il dit. Comme le bouquet qu’un voyageur nous envoie d’un pays où nous ne retournerons plus, faites-moi respirer du lointain de votre adolescence ces fleurs des printemps que j’ai traversés moi aussi il y a bien des années. Venez avec la primevère, la barbe de chanoine, le bassin d’or, venez avec le sédum dont est fait le bouquet de dilection de la flore balzacienne, avec la fleur du jour de la Résurrection, la pâquerette et la boule de neige des jardins qui commence à embaumer dans les allées de votre grand’tante, quand ne sont pas encore fondues les dernières boules de neige des giboulées de Pâques. Venez avec la glorieuse vêture de soie du lis digne de Salomon, et l’émail polychrome des pensées, mais venez surtout avec la brise fraîche encore des dernières gelées et qui va entr’ouvrir, pour les deux papillons qui depuis ce matin attendent à la porte, la première rose de Jérusalem. »

 

    

就在那天的前一天,他要求我的父母让我去陪他吃晚饭。来陪陪你的老朋友吧,他对我说,你就象是远方的旅客从我们一去不复返的国度送来的一束鲜花,让我闻闻从你的青春的远方送来的这些鲜花吧。许多年以前我也曾经经历过群花争妍的春天。来吧,带着报春花、龙须菊和金盏花;来吧,带着巴扎克的植物志中象征挚爱的景天花,带着复活节前开放的雏菊和复活节前的最后一场小雪尚未融化时已经在你姨祖母家的花园中播散芳香的雪球花;来吧,带着百合花洁白的绸缎(那是配得上莎乐美那样娇美的身躯的裙料),带着蝴蝶花斑谰的彩釉,尤其要带来寒意犹存的料峭的清风,让它为一早就守候在门口的两只彩蝶吹开耶路撒冷的第一朵玫瑰。

 

On se demandait à la maison si on devait m’envoyer tout de même dîner avec M. Legrandin. Mais ma grand’mère refusa de croire qu’il eût été impoli. « Vous reconnaissez vous-même qu’il vient là avec sa tenue toute simple qui n’est guère celle d’un mondain. » Elle déclarait qu’en tous cas, et à tout mettre au pis, s’il l’avait été, mieux valait ne pas avoir l’air de s’en être aperçu. À vrai dire mon père lui-même, qui était pourtant le plus irrité contre l’attitude qu’avait eue Legrandin, gardait peut-être un dernier doute sur le sens qu’elle comportait. Elle était comme toute attitude ou action où se révèle le caractère profond et caché de quelqu’un : elle ne se relie pas à ses paroles antérieures, nous ne pouvons pas la faire confirmer par le témoignage du coupable qui n’avouera pas ; nous en sommes réduits à celui de nos sens dont nous nous demandons, devant ce souvenir isolé et incohérent, s’ils n’ont pas été le jouet d’une illusion ; de sorte que de telles attitudes, les seules qui aient de l’importance, nous laissent souvent quelques doutes.    

家里的人起先拿不定主意,不知道该不该让我去陪伴勒格朗丹先生吃顿晚饭。倒是我的外祖母没什么也不愿意相信他会不讲礼貌:你们自己也承认,他去教堂时穿得很朴素,跟讲排场的人不一样。她还说,哪怕作最坏的估计,就算他是贪慕虚荣的人,我们无论如何也不宜显出有所察觉。说实话,连对勒格朗丹的态度最为反感的我的父亲也许对他的举止的含义都还存有最后一点怀疑呢。他的言行不正显示了那种成府很深的人的品性吗?他的态度跟他以前的言论明明是脱节的;我们无法根据他的自白来证实我们的怀疑,因为他不会老实招供的;我们只能依靠自己的感觉。但是,仅仅根据片断的、不连贯的回忆,我们却没有把握确信我们的感觉会不受某种幻觉的愚弄。结果这些至关紧要的待人接物的态度往往只给我们留下一些疑团。

    

Je dînai avec Legrandin sur sa terrasse ; il faisait clair de lune : « Il y a une jolie qualité de silence, n’est-ce pas, me dit-il ; aux cœurs blessés comme l’est le mien, un romancier que vous lirez plus tard prétend que conviennent seulement l’ombre et le silence. Et voyez-vous, mon enfant, il vient dans la vie une heure dont vous êtes bien loin encore où les yeux las ne tolèrent plus qu’une lumière, celle qu’une belle nuit comme celle-ci prépare et distille avec l’obscurité, où les oreilles ne peuvent plus écouter de musique que celle que joue le clair de lune sur la flûte du silence. » J’écoutais les paroles de M. Legrandin qui me paraissaient toujours si agréables ; mais troublé par le souvenir d’une femme que j’avais aperçue dernièrement pour la première fois, et pensant, maintenant que je savais que Legrandin était lié avec plusieurs personnalités aristocratiques des environs, que peut-être il connaissait celle-ci, prenant mon courage, je lui dis : « Est-ce que vous connaissez, monsieur, la… les châtelaines de Guermantes ? », heureux aussi en prononçant ce nom de prendre sur lui une sorte de pouvoir, par le seul fait de le tirer de mon rêve et de lui donner une existence objective et sonore.

我陪伴勒格朗丹在他家房前的平台上用晚餐;那天晚上月色晴朗。有一种幽静的美,是不是?他对我说,正如一位小说家所云,对我这样心灵受过创伤的人来说,只有幽暗与寂静最为相宜。你以后会读到他的作品的。你知道吗,孩子?一个人在一生之中会遇到那样的时候,你现在还体会不到,那时候眼睛只能容忍一种光明,那就是在这样月白风清的夜晚以幽暗提炼出来的光明;耳朵也只能听到一种音乐,那就是月光用寂静的笛子奏出的音乐。我听着勒格朗丹娓娓道来,他的话我听了总觉得很入耳。但是我当时无法摆脱记忆的骚扰,我总忘不了最近第一次见到过的一位女士。我现在既然知道勒格朗丹同附近的一些贵族有交往,我想他或许认识那位女士,于是我鼓了鼓勇气问他说:先生,您是不是认识……盖尔芒特家的那一位……那几位女主人?这个姓氏一经被我说出口,我感到非常高兴,因为我总算对它采取了行动,把它从我的梦幻里拉了出来,赋予它一个客观的、有声的存在。

 

Mais à ce nom de Guermantes, je vis au milieu des yeux bleus de notre ami se ficher une petite encoche brune comme s’ils venaient d’être percés par une pointe invisible, tandis que le reste de la prunelle réagissait en sécrétant des flots d’azur. Le cerne de sa paupière noircit, s’abaissa. Et sa bouche marquée d’un pli amer se ressaisissant plus vite sourit, tandis que le regard restait douloureux, comme celui d’un beau martyr dont le corps est hérissé de flèches : « Non, je ne les connais pas », dit-il, mais au lieu de donner à un renseignement aussi simple, à une réponse aussi peu surprenante le ton naturel et courant qui convenait, il le débita en appuyant sur les mots, en s’inclinant, en saluant de la tête, à la fois avec l’insistance qu’on apporte, pour être cru, à une affirmation invraisemblable — comme si ce fait qu’il ne connût pas les Guermantes ne pouvait être l’effet que d’un hasard singulier — et aussi avec l’emphase de quelqu’un qui, ne pouvant pas taire une situation qui lui est pénible, préfère la proclamer pour donner aux autres l’idée que l’aveu qu’il fait ne lui cause aucun embarras, est facile, agréable, spontané, que la situation elle-même — l’absence de relations avec les Guermantes — pourrait bien avoir été non pas subie, mais voulue par lui, résulter de quelque tradition de famille, principe de morale ou vœu mystique lui interdisant nommément la fréquentation des Guermantes. « Non, reprit-il, expliquant par ses paroles sa propre intonation, non, je ne les connais pas, je n’ai jamais voulu, j’ai toujours tenu à sauvegarder ma pleine indépendance ; au fond je suis une tête jacobine, vous le savez. Beaucoup de gens sont venus à la rescousse, on me disait que j’avais tort de ne pas aller à Guermantes, que je me donnais l’air d’un malotru, d’un vieil ours. Mais voilà une réputation qui n’est pas pour m’effrayer, elle est si vraie ! Au fond, je n’aime plus au monde que quelques églises, deux ou trois livres, à peine davantage de tableaux, et le clair de lune quand la brise de votre jeunesse apporte jusqu’à moi l’odeur des parterres que mes vieilles prunelles ne distinguent plus. » Je ne comprenais pas bien que, pour ne pas aller chez des gens qu’on ne connaît pas, il fût nécessaire de tenir à son indépendance, et en quoi cela pouvait vous donner l’air d’un sauvage ou d’un ours. Mais ce que je comprenais, c’est que Legrandin n’était pas tout à fait véridique quand il disait n’aimer que les églises, le clair de lune et la jeunesse ; il aimait beaucoup les gens des châteaux et se trouvait pris devant eux d’une si grande peur de leur déplaire qu’il n’osait pas leur laisser voir qu’il avait pour amis des bourgeois, des fils de notaires ou d’agents de change, préférant, si la vérité devait se découvrir, que ce fût en son absence, loin de lui et « par défaut » ; il était snob. Sans doute il ne disait jamais rien de tout cela dans le langage que mes parents et moi-même nous aimions tant. Et si je demandais : « Connaissez-vous les Guermantes ? », Legrandin le causeur répondait : « Non je n’ai jamais voulu les connaître. » Malheureusement il ne le répondait qu’en second, car un autre Legrandin qu’il cachait soigneusement au fond de lui, qu’il ne montrait pas, parce que ce Legrandin-là savait sur le nôtre, sur son snobisme, des histoires compromettantes, un autre Legrandin avait déjà répondu par la blessure du regard, par le rictus de la bouche, par la gravité excessive du ton de la réponse, par les mille flèches dont notre Legrandin s’était trouvé en un instant lardé et alangui, comme un saint Sébastien du snobisme : « Hélas ! que vous me faites mal ! non je ne connais pas les Guermantes, ne réveillez pas la grande douleur de ma vie. » Et comme ce Legrandin enfant terrible, ce Legrandin maître chanteur, s’il n’avait pas le joli langage de l’autre, avait le verbe infiniment plus prompt, composé de ce qu’on appelle « réflexes », quand Legrandin le causeur voulait lui imposer silence, l’autre avait déjà parlé et notre ami avait beau se désoler de la mauvaise impression que les révélations de son alter ego avaient dû produire, il ne pouvait qu’entreprendre de la pallier.    

但是,我发现我的朋友一听到盖尔芒特这个姓氏,他的蓝眼珠中央立刻出现一个深褐色的漏洞,好象被一根无形的针尖捅了一下似的,眼珠的其它部分则泛起蔚蓝色的涟漪。他的眼圈顿时发暗,他垂下眼皮,嘴角掠过一丝苦笑,很快又恢复了常态。他的眼神却象万箭穿胸的美丽的殉道者,依然充满痛苦。不,我不认识她们,他说,那语气不象一句简单的答话、普通的说明那样自然而流畅;他说得一字一顿,又点头又弯腰,好象在说一件别人不信、他为了说服对方不得不加以强调的事情,似乎他不认识盖尔芒特只是出奇的偶然;同时他又装成象不能回避某种尴尬局面似的,觉得与其遮掩不如痛快承认,好让人家觉得自己很坦然,并无丝毫勉强之处,而是轻松、愉快、由衷地直认不讳;再说同盖尔芒特没有联系的这件事情本身也并不使他感到遗憾,相反是符合他的心愿的,因为某种家庭传统,例如道德原则或不便明说的誓约之类毫不含糊地禁止他同盖尔芒特交往。不,他接着用自己的话来解释方才的语气,我不认识她们,我也从来没想结识她们;我始终珍惜我享有的充分的独立。你知道,我其实多少是个雅各宾派。许多人劝我,说我不该不去结交盖尔芒特,说我把自己弄得粗野不堪,象头老熊。可是,这种名声我才不怕呢,恰如其分嘛!说实话,这人世间我几乎无所留恋,除了少数几座教堂,两三本书,四五幅画;还有这样的月夜,你的青春的微风把我的昏花的老眼已无法看清的鲜花的芳香吹到了我的跟前。我当时弄不明白,为什么一个人必须坚持自己的独立才能不去拜望陌生人?这又在哪一点上使你显得象头笨熊?但是,有一点我是明白的,勒格朗丹说的不尽是实话,他并不象他所说的那样只爱教堂、月光和青春;他很爱住在宫堡里的贵族,他很怕招他们的讨厌,他甚至不敢让他们发现自己的朋友当中有布尔乔亚,有公证人和经纪人的后代,倘若真相不得不暴露,他宁可自己不在场,躲得远远的,让人鞭长莫及。他是贪图虚荣的人。当然,他在我的长辈和我都十分爱听的言谈中,决不会透露半点趋炎附势的痕迹。我若问他:您认识盖尔芒特家的人么?巧于辞令的勒格朗丹就回答说:不,我从来没想结识他们。可惜的是,回答这话的他实际听命于被他深深地埋藏在心里、从不出头露面的另一位勒格朗丹,而这另一位却能说出有关我们心目中的他,以及有关他贪图虚荣的不少难避嫌疑的掌故来。其实,他刚才眼睛里出现的那个漏洞,他嘴边掠过的那丝苦笑,他语气中那样的过分强调,以及他一瞬间象势利殉道者那样万箭穿心般的痛苦情状,早已为另一位勒格朗丹作出了回答:唉!你算是击中我的痛处了。不,我不认识盖尔芒特,别再揭我生平最疼痛彻骨的这块伤疤了。这位桀骜不驯、气势汹汹的勒格朗丹虽无另一位勒格朗丹的美妙言词,却有人称之为反射的犀利无比的对应能力,故而巧于辞令的勒格朗丹还没有来得及堵住他的嘴,他已经抢先表了态,害得我们的朋友处心积虑,力求弥补另一个自我不慎造成的坏印象,却毕竟无济于事,充其量只能勉强遮掩罢了。

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