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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华(32)
送交者: wangguotong[★★★声望勋衔13★★★] 于 2024-04-24 1:16 已读 4256 次 1 赞  

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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华32

作者:Marcel Proust   马塞尔-普鲁斯特

编辑整理:WANGGUOTONG

Première Partie第一部

COMBRAY(4)

第一卷 贡布雷(4)  

 

Mes promenades de cet automne-là furent d’autant plus agréables que je les faisais après de longues heures passées sur un livre. Quand j’étais fatigué d’avoir lu toute la matinée dans la salle, jetant mon plaid sur mes épaules, je sortais : mon corps obligé depuis longtemps de garder l’immobilité, mais qui s’était chargé sur place d’animation et de vitesse accumulées, avait besoin ensuite, comme une toupie qu’on lâche, de les dépenser dans toutes les directions. Les murs des maisons, la haie de Tansonville, les arbres du bois de Roussainville, les buissons auxquels s’adosse Montjouvain, recevaient des coups de parapluie ou de canne, entendaient des cris joyeux, qui n’étaient, les uns et les autres, que des idées confuses qui m’exaltaient et qui n’ont pas atteint le repos dans la lumière, pour avoir préféré, à un lent et difficile éclaircissement, le plaisir d’une dérivation plus aisée vers une issue immédiate. La plupart des prétendues traductions de ce que nous avons ressenti ne font ainsi que nous en débarrasser, en le faisant sortir de nous sous une forme indistincte qui ne nous apprend pas à le connaître. Quand j’essaye de faire le compte de ce que je dois au côté de Méséglise, des humbles découvertes dont il fut le cadre fortuit ou le nécessaire inspirateur, je me rappelle que c’est cet automne-là, dans une de ces promenades, près du talus broussailleux qui protège Montjouvain, que je fus frappé pour la première fois de ce désaccord entre nos impressions et leur expression habituelle. Après une heure de pluie et de vent contre lesquels j’avais lutté avec allégresse, comme j’arrivais au bord de la mare de Montjouvain, devant une petite cahute recouverte en tuiles où le jardinier de M. Vinteuil serrait ses instruments de jardinage, le soleil venait de reparaître, et ses dorures lavées par l’averse reluisaient à neuf dans le ciel, sur les arbres, sur le mur de la cahute, sur son toit de tuile encore mouillé, à la crête duquel se promenait une poule. Le vent qui soufflait tirait horizontalement les herbes folles qui avaient poussé dans la paroi du mur, et les plumes du duvet de la poule, qui, les unes et les autres se laissaient filer au gré de son souffle jusqu’à l’extrémité de leur longueur, avec l’abandon de choses inertes et légères. Le toit de tuile faisait dans la mare, que le soleil rendait de nouveau réfléchissante, une marbrure rose, à laquelle je n’avais encore jamais fait attention. Et voyant sur l’eau et à la face du mur un pâle sourire répondre au sourire du ciel, je m’écriai dans mon enthousiasme en brandissant mon parapluie refermé : « Zut, zut, zut, zut. » Mais en même temps je sentis que mon devoir eût été de ne pas m’en tenir à ces mots opaques et de tâcher de voir plus clair dans mon ravissement.    

那年秋天,我觉得散步特别开心,因为我总是读了好几个钟头的书之后才出去散步的。整整一上午,我坐在大厅里读书,读得感到累了,我就把苏格兰大氅往肩上一披,出门散步去。我的身子经过长时间的静止,积累了充沛的活力,需要象被撒出手的陀螺一样,在转悠中消耗积聚的能量。房舍的外墙,当松维尔的花篱,鲁森维尔森林中的树木,蒙舒凡背后的灌木丛,都受到我的雨伞或手杖的抽打,都听到我的欢快的喊叫。这些喊叫,只是一些模糊的感触,还没有在光明中找到归宿,它们等不及得到缓慢而困难的澄清,宁可找一条立即宣泄的捷径。我们对内心的感情所作的所谓的表白,其实大多不过使我们借以解脱,让我们的感受以一种模糊的形式从我们的内心释放出来,而模糊的形式根本不能使我们认识到感受的真谛。当我试图总结一下我在梅塞格利丝那边究竟有何所得,我从意外的景色或者起码引起我感奋的原因中间究竟得到多少细小的新发现时,我不禁想起那年秋天,我散步走到蒙舒凡身后那片灌木丛生的山坡附近,第一次惊讶地发现我们的印象和我们习惯的表白之间有多不协调。我兴高采烈地同风雨搏斗了一个小时之后,来到了蒙舒凡池边一座瓦片覆顶的小屋前,那是凡德伊先生家的园丁放置园艺工具的小屋。太阳又重新露头,它的金色的光辉经过暴雨的洗涤,鲜亮地闪耀在天边,闪耀在枝头、小屋的墙上,以及依然湿润的瓦片和屋脊上。一只母鸡在屋脊上漫步。吹拂而过的风把生长在墙缝里的野草一片片拉平,母鸡身上的羽毛也全都竖立起来,象一簇没有感觉的、轻飘飘的东西似的,听凭来风直吹到羽毛的根部。阳光又使池水象镜子一样反照出池边的景物,小屋的屋顶在水面上形成一块桃红色的斑纹,过去我还从来不曾注意到有这样一块斑纹。我发现水面和墙面泛起苍白的微笑,同天空的微笑遥相呼应;我不禁激动万分,举起我已经收好的雨伞,啧啧地叫好。同时,我感到我不应该只限于叫出含义不清的啧啧声,而应该把我欣喜的根由弄明白。

 

Et c’est en ce moment-là encore — grâce à un paysan qui passait, l’air déjà d’être d’assez mauvaise humeur, qui le fut davantage quand il faillit recevoir mon parapluie dans la figure, et qui répondit sans chaleur à mes « beau temps, n’est-ce pas, il fait bon marcher » — que j’appris que les mêmes émotions ne se produisent pas simultanément, dans un ordre préétabli, chez tous les hommes. Plus tard, chaque fois qu’une lecture un peu longue m’avait mis en humeur de causer, le camarade à qui je brûlais d’adresser la parole venait justement de se livrer au plaisir de la conversation et désirait maintenant qu’on le laissât lire tranquille. Si je venais de penser à mes parents avec tendresse et de prendre les décisions les plus sages et les plus propres à leur faire plaisir, ils avaient employé le même temps à apprendre une peccadille que j’avais oubliée et qu’ils me reprochaient sévèrement au moment où je m’élançais vers eux pour les embrasser.    

也是在那一次,我才知道同样的激动并不同时以预定的顺序在每一个人身上产生。这得多谢一位路过的农民;当时他脸色已经不很痛快,我手舞足蹈,差一点把雨伞打到他的脸上,他的脸色就更阴沉了。我高兴地说:好天气,是不是,出来走走真痛快。他的反应却很冷淡。后来,每当我看了半天书,有兴致想找人聊聊的时候,我所盼望同我聊聊的朋友总是谈兴已过,但愿别人让他安心看书。倘若我孝心勃发,想到我的父母,并决定做点最能博得他们欢心的事,他们总偏偏在那个时候指责我早已忘记的一件过错,他们偏偏赶在我打算扑上去吻他们的当口对我横加训斥。

 

Parfois à l’exaltation que me donnait la solitude, s’en ajoutait une autre que je ne savais pas en départager nettement, causée par le désir de voir surgir devant moi une paysanne que je pourrais serrer dans mes bras. Né brusquement, et sans que j’eusse eu le temps de le rapporter exactement à sa cause, au milieu de pensées très différentes, le plaisir dont il était accompagné ne me semblait qu’un degré supérieur de celui qu’elles me donnaient. Je faisais un mérite de plus à tout ce qui était à ce moment-là dans mon esprit, au reflet rose du toit de tuile, aux herbes folles, au village de Roussainville où je désirais depuis longtemps aller, aux arbres de son bois, au clocher de son église, de cet émoi nouveau qui me les faisait seulement paraître plus désirables parce que je croyais que c’était eux qui le provoquaient, et qui semblait ne vouloir que me porter vers eux plus rapidement quand il enflait ma voile d’une brise puissante, inconnue et propice. Mais si ce désir qu’une femme apparût ajoutait pour moi aux charmes de la nature quelque chose de plus exaltant, les charmes de la nature, en retour, élargissaient ce que celui de la femme aurait eu de trop restreint. Il me semblait que la beauté des arbres, c’était encore la sienne, et que l’âme de ces horizons, du village de Roussainville, des livres que je lisais cette année-là, son baiser me la livrerait ; et mon imagination reprenant des forces au contact de ma sensualité, ma sensualité se répandant dans tous les domaines de mon imagination, mon désir n’avait plus de limites. C’est qu’aussi — comme il arrive dans ces moments de rêverie au milieu de la nature où l’action de l’habitude étant suspendue, nos notions abstraites des choses mises de côté, nous croyons d’une foi profonde à l’originalité, à la vie individuelle du lieu où nous nous trouvons — la passante qu’appelait mon désir me semblait être non un exemplaire quelconque de ce type général : la femme, mais un produit nécessaire et naturel de ce sol. Car en ce temps-là tout ce qui n’était pas moi, la terre et les êtres, me paraissait plus précieux, plus important, doué d’une existence plus réelle que cela ne paraît aux hommes faits. Et la terre et les êtres, je ne les séparais pas. J’avais le désir d’une paysanne de Méséglise ou de Roussainville, d’une pêcheuse de Balbec, comme j’avais le désir de Méséglise et de Balbec. Le plaisir qu’elles pouvaient me donner m’aurait paru moins vrai, je n’aurais plus cru en lui, si j’en avais modifié à ma guise les conditions. Connaître à Paris une pêcheuse de Balbec ou une paysanne de Méséglise, ç’eût été recevoir des coquillages que je n’aurais pas vus sur la plage, une fougère que je n’aurais pas trouvée dans les bois, ç’eût été retrancher au plaisir que la femme me donnerait tous ceux au milieu desquels l’avait enveloppée mon imagination. Mais errer ainsi dans les bois de Roussainville sans une paysanne à embrasser, c’était ne pas connaître de ces bois le trésor caché, la beauté profonde. Cette fille que je ne voyais que criblée de feuillages, elle était elle-même pour moi comme une plante locale d’une espèce plus élevée seulement que les autres et dont la structure permet d’approcher de plus près qu’en elles la saveur profonde du pays. Je pouvais d’autant plus facilement le croire (et que les caresses par lesquelles elle m’y ferait parvenir seraient aussi d’une sorte particulière et dont je n’aurais pas pu connaître le plaisir par une autre qu’elle), que j’étais pour longtemps encore à l’âge où l’on n’a pas encore abstrait ce plaisir de la possession des femmes différentes avec lesquelles on l’a goûté, où on ne l’a pas réduit à une notion générale qui les fait considérer dès lors comme les instruments interchangeables d’un plaisir toujours identique. Il n’existe même pas, isolé, séparé et formulé dans l’esprit, comme le but qu’on poursuit en s’approchant d’une femme, comme la cause du trouble préalable qu’on ressent. À peine y songe-t-on comme à un plaisir qu’on aura ; plutôt, on l’appelle son charme à elle ; car on ne pense pas à soi, on ne pense qu’à sortir de soi. Obscurément attendu, immanent et caché, il porte seulement à un tel paroxysme au moment où il s’accomplit les autres plaisirs que nous causent les doux regards, les baisers de celle qui est auprès de nous, qu’il nous apparaît surtout à nous-même comme une sorte de transport de notre reconnaissance pour la bonté de cœur de notre compagne et pour sa touchante prédilection à notre égard que nous mesurons aux bienfaits, au bonheur dont elle nous comble.    

有时候,除了孤独给予我的激动外,还有另一种我无法判明的兴奋心情,那是由一种欲望引起的,我盼望眼前突然出现一位农家女子,好让我拥进怀里。在许多完全不同的思绪中间,突然萌生这样的念头,而且我都来不及确切地弄清它的来龙去脉,只觉得随之而来的快感不过是一切思绪所给予我的快感的一种升华。那时我所想到的一切——覆盖着瓦片的屋顶在水面上形成的桃红色的倒影,墙缝里的野草,我早就想去看看的鲁森维尔的村落,森林里的树木,教堂的钟楼,都由于我内心感受到那种新的激荡而具有进一步的价值,因为我认为正是这一切激起了我快感的升华,它象一股强劲的、神秘莫测的顺风,鼓满了我的风帆,仿佛要把我更快地送进这一切的怀抱。但是,盼望有姑娘出现的念头对于我来说固然给妖娆的自然增添某种回肠荡气的魅力,反之,大自然的魅力也让少女过于局限的妩媚得到了扩展。仿佛树木的婀娜也体现了姑娘的美,仿佛远眺所见的自然风光,鲁森维尔的村落,我那年所读过的书,都各有自己的精魂,而那精魂要由姑娘的一吻来传递给我似的,我的想象一经触及我的肉体感受,便取得了蓬勃的活力,它象电流传遍我想象所及的每一个角落,于是我的欲望再也没有局限了。在大自然的怀抱中浮想联翩时经常有这种情况,那时习惯的作用暂时中断,我们对事物的抽象概念也都被抛到一边,我们由衷地相信我们所在的那个地方,生命别具一格,自有它独特的个性,所以,我的欲望所召唤的姑娘对我来说并不是这类人物的一般典型,并不只是女性,而是这片土地的必然的、自然的产物。因为,在那时,凡身外之物,无论大地还是生灵,我都觉得格外可贵,格外重要,具有格外真实的生气;它们在成人的心目中就没有这么可贵、这么真实。而大地呀,生灵呀,那时与我紧紧相连。我想要见到梅塞格利丝或鲁森维尔的农家女,想要见到巴尔贝克的渔家女,正同我想见到梅塞格利丝的风光、巴尔贝克的景物一样。如果我随心所欲地改变她们所处的环境,那么她们可能给予我的愉快就会变得不那么真实,我甚至会对这种愉快失去信任。在巴黎结识一位巴尔贝克的渔家女或一位梅塞格利丝的农家女,简直就象得到我在海滩上从未见过的贝壳,收下一簇我在树林里没有遇到的蕨草,等于把环境给予我的愉快从她给予我的愉快中剔除,然而我想象中的她是被自然美景所簇拥的。倘若我在鲁森维尔的森林中徜徉,却碰不到一位可以拥抱的农家姑娘,那就无法认识森林隐秘的宝藏,无法认识它深层的美。我想象中只见那位姑娘周身披满树叶的投影,她在我的心目中本身就是一株当地生长的植物,只是在品位上比其它植物更高级,她的结构可以使我更深入地领略到当地的气息。我之所以那么轻易地认准这一点(而且相信她为了使我体会更深而给予我的爱抚也是别具一格的,除了她之外,别的姑娘不可能让我体会到那样的愉快),因为我在很长的一段时期内还很幼稚,还没有把赢得各种女人的心、从不同的女人那里得到的愉快加以抽象,还没有把这种愉快概括成一个普遍适用的概念:把不同的女人只看作取得同一愉快的工具,彼此可以任意变换。可是当时,我思想中的这种愉快甚至不是孤立地、与其他事物无关地、自成一格地存在着的,既没有为追求女人而追求的目的,也没有事先感到心乱如麻之类的经验。好似一想到它就能唾手可得;把它称作愉快倒不如称作姑娘的魅力更妥贴;因为我考虑的不是自己,而是如何超脱自己。这种暗自期待的、内在的、隐秘的快感,只在某些时候达到高xdx潮,那就是当我们身旁的哪位姑娘含情脉脉地看着我们,吻我们,引起了我们另外的愉快的时候,那种愉快在我们的感觉中,尤其象一种感激涕零的冲动,感激她的由衷的善意,感激她对我们令人心醉的惠顾;我们把这种善意、这种青睐比作恩典,比作使我们得到满足的幸福。

 

Hélas, c’était en vain que j’implorais le donjon de Roussainville, que je lui demandais de faire venir auprès de moi quelque enfant de son village, comme au seul confident que j’avais eu de mes premiers désirs, quand au haut de notre maison de Combray, dans le petit cabinet sentant l’iris, je ne voyais que sa tour au milieu du carreau de la fenêtre entr’ouverte, pendant qu’avec les hésitations héroïques du voyageur qui entreprend une exploration ou du désespéré qui se suicide, défaillant, je me frayais en moi-même une route inconnue et que je croyais mortelle, jusqu’au moment où une trace naturelle comme celle d’un colimaçon s’ajoutait aux feuilles du cassis sauvage qui se penchaient jusqu’à moi. En vain je suppliais maintenant. En vain, tenant l’étendue dans le champ de ma vision, je la drainais de mes regards qui eussent voulu en ramener une femme. Je pouvais aller jusqu’au porche de Saint-André-des-Champs ; jamais ne s’y trouvait la paysanne que je n’eusse pas manqué d’y rencontrer si j’avais été avec mon grand-père et dans l’impossibilité de lier conversation avec elle. Je fixais indéfiniment le tronc d’un arbre lointain, de derrière lequel elle allait surgir et venir à moi ; l’horizon scruté restait désert, la nuit tombait, c’était sans espoir que mon attention s’attachait, comme pour aspirer les créatures qu’ils pouvaient receler, à ce sol stérile, à cette terre épuisée ; et ce n’était plus d’allégresse, c’était de rage que je frappais les arbres du bois de Roussainville d’entre lesquels ne sortaient pas plus d’êtres vivants que s’ils eussent été des arbres peints sur la toile d’un panorama, quand, ne pouvant me résigner à rentrer à la maison avant d’avoir serré dans mes bras la femme que j’avais tant désirée, j’étais pourtant obligé de reprendre le chemin de Combray en m’avouant à moi-même qu’était de moins en moins probable le hasard qui l’eût mise sur mon chemin. Et s’y fût-elle trouvée, d’ailleurs, eussé-je osé lui parler ? Il me semblait qu’elle m’eût considéré comme un fou ; je cessais de croire partagés par d’autres êtres, de croire vrais en dehors de moi, les désirs que je formais pendant ces promenades et qui ne se réalisaient pas. Ils ne m’apparaissaient plus que comme les créations purement subjectives, impuissantes, illusoires, de mon tempérament. Ils n’avaient plus de lien avec la nature, avec la réalité qui dès lors perdait tout charme et toute signification et n’était plus à ma vie qu’un cadre conventionnel, comme l’est à la fiction d’un roman le wagon sur la banquette duquel le voyageur le lit pour tuer le temps.    

唉!我枉然地恳求鲁森维尔的塔楼,就象请求我唯一的知心朋友似的,请它让村里的姑娘到我的身边来,因为我在贡布雷家中楼上那间充满菖蒲花芳香的房间内,在那扇半掩半启的格子窗中间,只见到那座钟楼的塔影,我把最初在我内心萌动的种种欲念,都告诉了它;我本象探险的旅行家或者绝望得要自杀的人一样,在做出壮烈举动之前不免踌躇再三,而终于心灰意懒,想从自身中另辟蹊径,却又自以为面临山穷水尽的绝境;忽然,我发现,除了垂到我眼前的那株野生的黑加仑树的枝叶外,还有这样一条象蜗牛行迹似的大自然的脚印。而现在我哀求它,它却不予理睬。我白白地把我眼前的一大片田野盯住不放,我用我的眼光挤压这片田野,想从中挤出一位姑娘来,结果枉费精神。我虽然可以一直走到圣安德烈教堂的门廊下去碰运气,但是我从来只有跟外祖父一起去的时候,才能有把握地遇到农家姑娘,而那时又无法跟她交谈。我心神不定地盯住远方一棵树的树干,盼望从树后走出一位姑娘来;被我目光搜索的远方却始终不见人迹。天色渐暗,我无望地把注意力紧紧地贴住这片贫瘠的土壤,这片枯竭的大地,仿佛要从中吸出可能隐藏着的生灵;我不再兴高采烈、而是恼恨万分地敲打着鲁森维尔森林里的树木,从这些树木间不会走出什么活人来了,仿佛它们只是画在一片环形画布上的形象。我虽然不愿意在没有拥抱到我那么盼望拥抱的姑娘之前就甘心回家,但我毕竟不得不返回贡布雷;我无可奈何地认识到;半路上意外邂逅的可能性是微乎其微的。再说,即使半路上遇到她,我敢同她攀谈么?我想,她或许会把我当作疯子;我不再相信我在那几次散步中所产生的不现实的欲念会得到别人的共鸣,不再相信这样的欲念在我的内心之外仍是真实的。我只觉得这是我的气质的产物,是纯主观的、无能的、幻觉的创造。这些欲念与大自然、与现实没有任何联系,于是现实失去了它的一切魅力和意蕴,只成了我的实际生活的一个沿袭的框架,正等于坐在车厢里的旅客为了消磨时间看一本小说,车厢就是那本小说的幻想世界的框架。

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