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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华(8)
送交者: wangguotong[★★★声望勋衔13★★★] 于 2024-03-31 6:50 已读 4314 次 1 赞  

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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华8

作者:Marcel Proust   马塞尔-普鲁斯特

编辑整理:WANGGUOTONG

Première Partie第一部

COMBRAY(1)

第一卷 贡布雷(1)

 

On ne pouvait pas remercier mon père ; on l’eût agacé par ce qu’il appelait des sensibleries. Je restai sans oser faire un mouvement ; il était encore devant nous, grand, dans sa robe de nuit blanche sous le cachemire de l’Inde violet et rose qu’il nouait autour de sa tête depuis qu’il avait des névralgies, avec le geste d’Abraham dans la gravure d’après Benozzo Gozzoli que m’avait donnée M. Swann, disant à Sarah qu’elle a à se départir du côté d’Isaac. Il y a bien des années de cela. La muraille de l’escalier où je vis monter le reflet de sa bougie n’existe plus depuis longtemps. En moi aussi bien des choses ont été détruites que je croyais devoir durer toujours, et de nouvelles se sont édifiées, donnant naissance à des peines et à des joies nouvelles que je n’aurais pu prévoir alors, de même que les anciennes me sont devenues difficiles à comprendre. Il y a bien longtemps aussi que mon père a cessé de pouvoir dire à maman : « Va avec le petit. » La possibilité de telles heures ne renaîtra jamais pour moi. Mais depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir, si je prête l’oreille, les sanglots que j’eus la force de contenir devant mon père et qui n’éclatèrent que quand je me retrouvai seul avec maman. En réalité ils n’ont jamais cessé ; et c’est seulement parce que la vie se tait maintenant davantage autour de moi que je les entends de nouveau, comme ces cloches de couvents que couvrent si bien les bruits de la ville pendant le jour qu’on les croirait arrêtées mais qui se remettent à sonner dans le silence du soir.

我还不能够感谢父亲;他凡是听到他称之为感情用事的话,只会恼怒。我不敢有所表示;他还没有走开,已经在我们跟前显得那么高大,他穿着一身白色睡袍,头上缠着淡紫和粉红两色的印度开士米头巾;自从得了头痛病之后,他睡觉总以此缠头。他的动作就象斯万先生送给我的那幅版画中的亚伯拉罕,那幅版画是根据伯诺索-戈索里的原作复制的,画中亚伯拉罕要萨拉狠心舍弃伊萨克。这已经是多年前的事了。当年烛光渐升的那面楼梯旁的大墙早已荡然无存。有许多当年我以为能在心中长存不衰的东西也都残破不堪,而新的事物继而兴起,衍生出我当年意料不到的新的悲欢;同样,旧的事物都变得难以理解了。我的父亲也早已不会再对我的母亲说:陪他去吧。出现这种时刻的可能性对于我来说已一去不复返。但是,不久前,每当我侧耳倾听,我居然还能听到我当年的哭泣声。当着父亲的面我总竭力忍着,等到与母亲单独在一起时我才忍不住地哭出声来。事实上这种哭泣始终没有停止过;只因为现在我周围的生活比较沉寂,才使我又听到了它,好比修道院的钟声白天被市井的嘈杂所掩盖,人们误以为钟声已停,直到晚上万籁俱寂时才又遐迩可闻——

 

Maman passa cette nuit-là dans ma chambre ; au moment où je venais de commettre une faute telle que je m’attendais à être obligé de quitter la maison, mes parents m’accordaient plus que je n’eusse jamais obtenu d’eux comme récompense d’une belle action. Même à l’heure où elle se manifestait par cette grâce, la conduite de mon père à mon égard gardait ce quelque chose d’arbitraire et d’immérité qui la caractérisait, et qui tenait à ce que généralement elle résultait plutôt de convenances fortuites que d’un plan prémédité. Peut-être même que ce que j’appelais sa sévérité, quand il m’envoyait me coucher, méritait moins ce nom que celle de ma mère ou ma grand’mère, car sa nature, plus différente en certains points de la mienne que n’était la leur, n’avait probablement pas deviné jusqu’ici combien j’étais malheureux tous les soirs, ce que ma mère et ma grand’mère savaient bien ; mais elles m’aimaient assez pour ne pas consentir à m’épargner de la souffrance, elles voulaient m’apprendre à la dominer afin de diminuer ma sensibilité nerveuse et fortifier ma volonté. Pour mon père, dont l’affection pour moi était d’une autre sorte, je ne sais pas s’il aurait eu ce courage : pour une fois où il venait de comprendre que j’avais du chagrin, il avait dit à ma mère : « Va donc le consoler. » Maman resta cette nuit-là dans ma chambre et, comme pour ne gâter d’aucun remords ces heures si différentes de ce que j’avais eu le droit d’espérer, quand Françoise, comprenant qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire en voyant maman assise près de moi, qui me tenait la main et me laissait pleurer sans me gronder, lui demanda : « Mais Madame, qu’a donc Monsieur à pleurer ainsi ? » maman lui répondit : « Mais il ne sait pas lui-même, Françoise, il est énervé ; préparez-moi vite le grand lit et montez vous coucher. » Ainsi, pour la première fois, ma tristesse n’était plus considérée comme une faute punissable mais comme un mal involontaire qu’on venait de reconnaître officiellement, comme un état nerveux dont je n’étais pas responsable ; j’avais le soulagement de n’avoir plus à mêler de scrupules à l’amertume de mes larmes, je pouvais pleurer sans péché. Je n’étais pas non plus médiocrement fier vis-à-vis de Françoise de ce retour des choses humaines, qui, une heure après que maman avait refusé de monter dans ma chambre et m’avait fait dédaigneusement répondre que je devrais dormir, m’élevait à la dignité de grande personne et m’avait fait atteindre tout d’un coup à une sorte de puberté du chagrin, d’émancipation des larmes. J’aurais dû être heureux : je ne l’étais pas. Il me semblait que ma mère venait de me faire une première concession qui devait lui être douloureuse, que c’était une première abdication de sa part devant l’idéal qu’elle avait conçu pour moi, et que pour la première fois, elle, si courageuse, s’avouait vaincue. Il me semblait que si je venais de remporter une victoire c’était contre elle, que j’avais réussi comme auraient pu faire la maladie, des chagrins, ou l’âge, à détendre sa volonté, à faire fléchir sa raison, et que cette soirée commençait une ère, resterait comme une triste date. Si j’avais osé maintenant, j’aurais dit à maman : « Non je ne veux pas, ne couche pas ici. » Mais je connaissais la sagesse pratique, réaliste comme on dirait aujourd’hui, qui tempérait en elle la nature ardemment idéaliste de ma grand’mère, et je savais que, maintenant que le mal était fait, elle aimerait mieux m’en laisser du moins goûter le plaisir calmant et ne pas déranger mon père. Certes, le beau visage de ma mère brillait encore de jeunesse ce soir-là où elle me tenait si doucement les mains et cherchait à arrêter mes larmes ; mais justement il me semblait que cela n’aurait pas dû être, sa colère eût été moins triste pour moi que cette douceur nouvelle que n’avait pas connue mon enfance ; il me semblait que je venais d’une main impie et secrète de tracer dans son âme une première ride et d’y faire apparaître un premier cheveu blanc. Cette pensée redoubla mes sanglots, et alors je vis maman, qui jamais ne se laissait aller à aucun attendrissement avec moi, être tout d’un coup gagnée par le mien et essayer de retenir une envie de pleurer. Comme elle sentit que je m’en étais aperçu, elle me dit en riant : « Voilà mon petit jaunet, mon petit serin, qui va rendre sa maman aussi bêtasse que lui, pour peu que cela continue. Voyons, puisque tu n’as pas sommeil ni ta maman non plus, ne restons pas à nous énerver, faisons quelque chose, prenons un de tes livres. » Mais je n’en avais pas là. « Est-ce que tu aurais moins de plaisir si je sortais déjà les livres que ta grand’mère doit te donner pour ta fête ? Pense bien : tu ne seras pas déçu de ne rien avoir après-demain ? » J’étais au contraire enchanté et maman alla chercher un paquet de livres dont je ne pus deviner, à travers le papier qui les enveloppait, que la taille courte et large, amis qui, sous ce premier aspect, pourtant sommaire et voilé, éclipsaient déjà la boîte à couleurs du Jour de l’An et les vers à soie de l’an dernier. C’était la Mare au Diable, François le Champi, la Petite Fadette et les Maîtres Sonneurs. Ma grand’mère, ai-je su depuis, avait d’abord choisi les poésies de Musset, un volume de Rousseau et Indiana ; car si elle jugeait les lectures futiles aussi malsaines que les bonbons et les pâtisseries, elles ne pensait pas que les grands souffles du génie eussent sur l’esprit même d’un enfant une influence plus dangereuse et moins vivifiante que sur son corps le grand air et le vent du large. Mais mon père l’ayant presque traitée de folle en apprenant les livres qu’elle voulait me donner, elle était retournée elle-même à Jouy-le-Vicomte chez le libraire pour que je ne risquasse pas de ne pas avoir mon cadeau (c’était un jour brûlant et elle était rentrée si souffrante que le médecin avait averti ma mère de ne pas la laisser se fatiguer ainsi) et elle s’était rabattue sur les quatre romans champêtres de George Sand. « Ma fille, disait-elle à maman, je ne pourrais me décider à donner à cet enfant quelque chose de mal écrit. »

 

那天晚上我的母亲就在我的卧室里过夜;我犯了这样严重的错误,准备受到让我离家住校的惩罚,不料父母却对我恩宠备加,过去我做了好事都从来没有得到这样的奖赏。我的父亲即使对我恩宠备加,他的举止言谈仍具有专制武断、奖罚不当的成分,这已成为他行为的特征;在一般情况下,他办事多凭兴之所至,难得深思熟虑。他打发我睡觉去的时候,那种态度我称之为严厉恐怕太过分,其实赶不上妈妈和外祖母严厉。他的天性在许多方面虽说同我很不一样,但同妈妈和外祖母就更有天壤之别。他八成直到现在都没有猜到我每天晚上有多伤心,而这一点妈妈和外祖母却了如指掌,只是她们太疼我了,不忍心让我尝到痛苦的滋味,她们要我自己学会克服痛苦,以此来减轻我多愁善感的毛病和磨练我的意志。至于父亲对我的疼爱,那是另一种类型的,我不知道他有没有她们那样的勇气:他只要一发现我心里不痛快,就对我的母亲说:去安慰安慰他。 妈妈那天晚上就呆在我的房里了。弗朗索瓦丝看到妈妈坐在我的身边,握住了我的手,任我哭个不停也不训斥我,她看出必定发生了什么非同小可的事,便问妈妈:夫人,少爷怎么啦,哭成那样?我本来是有权盼望妈妈来同我道晚安的,可是眼下的情况那样不同,妈妈看来不想以任何懊恼之情来损害这不同寻常的时刻,便这样回答说:他自己也弄不明白,弗朗索瓦丝,他神经太紧张;快给我铺好大床,然后上楼睡去吧。就这样,破天荒头一回,我的忧伤没有被看作应该受罚的过错,而是一种身不由己的病症。方才妈妈正式承认了,这是一种精神状态,我是没有责任的;我松了一口气,我不必在苦涩的眼泪中搀进什么顾忌了,我可以痛哭而不至于犯下过失。在弗朗索瓦丝面前,我深为这种人情的复归而自豪。一小时前,妈妈拒绝上楼到我的房间里来,还不屑一答地吩咐我快睡;如今她那番通情达理的话,把我抬到了大人的高度,使我的痛苦一下子脱离了幼稚的境界,达到成熟,我的眼泪由此获得解放。我应该感到高兴,然而我不高兴。我觉得母亲刚才对我作出的第一次让步,她一定很为之痛心,她第一次在她为我所设想的理想面前退缩;她那么勇敢的人,第一次承认失败。我觉得,我取得胜利是跟她作对;我使她的意志松懈、理性屈服,不过是因为她怜恤我有病,怕我伤心过度,顾念我年幼。我觉得那天晚上开始了一个新纪元,而且将成为一个不光彩的日子留传下来。倘若当时我有勇气开口,我就会对妈妈说:不,我不要,你别睡我这儿。但是,我深知妈妈有审时度势之明,用现在的说法,就是很现实主义。这种明哲的态度,使她的理想主义天性有所收敛,不象外祖母那样热得象团火。我心里有数,现在既然毛病发作,妈妈宁可让我起码得到些慰藉,免得惊动父亲。当然,在妈妈那样温柔地握着我的手,想方设法止住我眼泪的那天晚上,她的俊俏的脸庞还闪耀着青春的光彩;但是,我偏偏认为不该这样。她若怒容满面,我或许还好受些;我童年时代从来没有见到过她这样温情脉脉,这反倒使我感到悲哀。我仿佛觉得自己忤逆不孝,偷偷地在她的灵魂中画下第一道皱纹,让她的心灵长出第一根白发。想到这里,我就哭得更凶了。这时候,我看到了从来没有依我亲昵撒娇的妈妈,突然受到我情绪的感染,在竭力忍住自己的眼泪。她感到我看出她想哭,便笑着对我说:瞧,我的小宝贝,我的小傻瓜,再这么下去,弄得妈妈也要像你一样犯傻劲儿了。好了好了,既然你不想睡,妈妈也不困,咱们别这么哭哭啼啼地呆着,倒不如干些有意思的事,拿出一本书看看吧。可是偏偏房间里没有书。要是我把你外祖母准备在你生日那天送给你的书先拿给你,你不会不高兴吧?想好了,等到后天你什么礼物也没有,你不会失望吧? 正相反,我高兴极了。妈妈去拿了一包书来,从包装纸看,那些书又短又宽,仅凭这初步印象,(虽然是笼统的,而且还隔着一层纸)它们的吸引力就已经大大超过新年颜料盒和去年的蚕宝宝了。那几本书是《魔沼》、《弃儿弗朗沙》、《小法岱特》和《笛师》。后来我才知道,外祖母起先挑选的是缪塞的诗,卢梭的一本著作,还有《印第安娜》;因为,外祖母固然认为无聊的书同糖果点心一样对健康有害,但她却并不否认天才的恢宏气魄甚至对一个孩子的思想都能产生影响,这种影响不见得比旷野的空气和海面吹来的风更有害于健康,更缺乏振作活力的功效。但是当我的父亲得知她送我那几本书时,几乎把她看成疯子,因而她只好再次亲自出马,光顾舒子爵市的书店,免得我不能及时拿到礼物(那天的天气热得灼人,外祖母回家时难受极了,医生警告我母亲说:以后切不可再让她累成那样)。外祖母一下就选中了乔治-桑的这四本田园小说,我的女儿,她对我妈妈说,我总不能存心给孩子买几本文字拙劣的书看呀。”——

 

En réalité, elle ne se résignait jamais à rien acheter dont on ne pût tirer un profit intellectuel, et surtout celui que nous procurent les belles choses en nous apprenant à chercher notre plaisir ailleurs que dans les satisfactions du bien-être et de la vanité. Même quand elle avait à faire à quelqu’un un cadeau dit utile, quand elle avait à donner un fauteuil, des couverts, une canne, elle les cherchait « anciens », comme si leur longue désuétude ayant effacé leur caractère d’utilité, ils paraissaient plutôt disposés pour nous raconter la vie des hommes d’autrefois que pour servir aux besoins de la nôtre. Elle eût aimé que j’eusse dans ma chambre des photographies des monuments ou des paysages les plus beaux. Mais au moment d’en faire l’emplette, et bien que la chose représentée eût une valeur esthétique, elle trouvait que la vulgarité, l’utilité reprenaient trop vite leur place dans le mode mécanique de représentation, la photographie. Elle essayait de ruser et, sinon d’éliminer entièrement la banalité commerciale, du moins de la réduire, d’y substituer, pour la plus grande partie, de l’art encore, d’y introduire comme plusieurs « épaisseurs » d’art : au lieu de photographies de la Cathédrale de Chartres, des Grandes Eaux de Saint-Cloud, du Vésuve, elle se renseignait auprès de Swann si quelque grand peintre ne les avait pas représentés, et préférait me donner des photographies de la Cathédrale de Chartres par Corot, des Grandes Eaux de Saint-Cloud par Hubert Robert, du Vésuve par Turner, ce qui faisait un degré d’art de plus. Mais si le photographe avait été écarté de la représentation du chef-d’œuvre ou de la nature et remplacé par un grand artiste, il reprenait ses droits pour reproduire cette interprétation même. Arrivée à l’échéance de la vulgarité, ma grand’mère tâchait de la reculer encore. Elle demandait à Swann si l’œuvre n’avait pas été gravée, préférant, quand c’était possible, des gravures anciennes et ayant encore un intérêt au delà d’elles-mêmes, par exemple celles qui représentent un chef-d’œuvre dans un état où nous ne pouvons plus le voir aujourd’hui (comme la gravure de la Cène de Léonard avant sa dégradation, par Morgan). Il faut dire que les résultats de cette manière de comprendre l’art de faire un cadeau ne furent pas toujours très brillants. L’idée que je pris de Venise d’après un dessin du Titien qui est censé avoir pour fond la lagune, était certainement beaucoup moins exacte que celle que m’eussent donnée de simples photographies. On ne pouvait plus faire le compte à la maison, quand ma grand’tante voulait dresser un réquisitoire contre ma grand’mère, des fauteuils, offerts par elle à de jeunes fiancés ou à de vieux époux, qui, à la première tentative qu’on avait faite pour s’en servir, s’étaient immédiatement effondrés sous le poids d’un des destinataires. Mais ma grand’mère aurait cru mesquin de trop s’occuper de la solidité d’une boiserie où se distinguaient encore une fleurette, un sourire, quelquefois une belle imagination du passé. Même ce qui dans ces meubles répondait à un besoin, comme c’était d’une façon à laquelle nous ne sommes plus habitués, la charmait comme les vieilles manières de dire où nous voyons une métaphore, effacée, dans notre moderne langage, par l’usure de l’habitude. Or, justement, les romans champêtres de George Sand qu’elle me donnait pour ma fête, étaient pleins, ainsi qu’un mobilier ancien, d’expressions tombées en désuétude et redevenues imagées, comme on n’en trouve plus qu’à la campagne. Et ma grand’mère les avait achetés de préférence à d’autres, comme elle eût loué plus volontiers une propriété où il y aurait eu un pigeonnier gothique, ou quelqu’une de ces vieilles choses qui exercent sur l’esprit une heureuse influence en lui donnant la nostalgie d’impossibles voyages dans le temps.

确实,我的外祖母从不凑合买那些智力方面得不到补益的东西,她尤其看重能教我们在物质享受和虚荣满足之外寻求愉快的优美的作品。即使她有必要送人一件实用的礼物,臂如一把交椅,一套餐具,一根拐杖,她也要去找古色古香的,似乎式样既然过时,实用性也就随之消失,它们的功用也就与其说供我们生活所需,倒不如说在向我们讲解古人的生活。她希望我的卧室里挂几张古建筑的照片,或者很美的风景图片。可是当她去选购时,虽然照片上的内容不乏审美价值,她总觉得照相这种机械复制方式,让平庸和实用过于迅速地得其所在了。她要想办法做点手脚,虽说无法完全排除商业性的俗气,但至少要削弱它,在大的方面仍用艺术来取代它,给它引进一些艺术的厚度:譬如说,不要实景照片。她问斯万:有哪位大画家画过夏尔德尔大教堂、圣克鲁大喷泉和维苏威火山?她宁可送我油画照片:柯罗的《夏尔德尔大教堂》,于贝尔-罗贝的《圣克鲁大喷泉》和透纳的《维苏威火山》;虽说仍是照片,艺术档次毕竟高了一级。但是,倘若摄影师不拍古建筑,不拍自然风景,这些都由大艺术家去描绘,摄影师只拍艺术家画下来的景物,那么,他倒算做得更名正言顺了。一触及流传甚广的作品,我的外祖母就千方百计稽古溯源,她请教斯万,某某作品有没有版画复制品?倘若有,她倒更看重一些旧版画,因为在版画本身之外另有一种价值,例如那些临摹杰作原貌的版画,而杰作原貌今天我们已经无幸拜识了(就象莫冈在达-芬奇的《最后的晚餐》原作变样以前临摹刻制的那幅版画)——应该说,用送礼物来理解艺术,这种方法并不总能收到辉煌的功效。提香有一幅画,画的是威尼斯,据说背景是环礁湖,我从那幅画上所得到的威尼斯印象,肯定不如照片所能给予我的印象准确。我的姨祖母倘若存心跟外祖母作对,开一份清单,一一列举她送了多少把交椅给新婚夫妻或老夫老妻,那些椅子的最初受礼者是想日常使用的,可是椅子经不起坐者的体重,立刻散架垮掉,那么这笔帐无人能算得清。然而我的外祖母认为太在乎家具结实的程度未免鼠目寸光,木器上明明还留有昔日的一点风采,一丝笑容,一种美的想象,怎能视而不见?那些木器虽说从我们已经不习惯的某个方面还符合某种需要,但就连这一点也能象一些老掉牙的成语那样使她欣赏备至,我们却只能从中看到一种在我们现代语言中已经被习惯磨损得影迹莫辨的隐喻。外祖母作为生日礼物送给我的那几本乔治-桑的田园小说,恰恰就象一件旧家具那样,里面充满了过时的短语,早已变成了形象化的说法,除了农村,别处已经听不到还有人这么说了。我的外祖母在一大堆书中偏偏选购这几本,正等于她更乐于赞美一所有哥特式阁楼之类老式点缀的住宅,这些东西能使她心头萌生一种自得其乐的情绪,使她生发思古的幽情,可以领她到往昔的岁月中去作一番不可能实现的漫游。

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